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chronologie et typologie
des
détendeurs MISTRAL
commercialisés de 1955 à 1976
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À la fin des années 1940 et au début des années 1950, le commandant Cousteau met son scaphandre autonome CG45 à rude épreuve lors de plongées intensives, notamment lors de la campagne du Grand Congloué et en Mer Rouge. Il réalise rapidement que pour ses futures expéditions à travers le monde, il lui faut un détendeur plus robuste et plus facile à entretenir.

 

Il charge alors les ingénieurs de LA SPIROTECHNIQUE de repenser la conception du CG45. C’est dans cet esprit qu’émerge l’idée d’abandonner la détente à double étage au profit d’un mécanisme à simple étage, en s’inspirant du détendeur poumon d’eau conçu par Georges Hérail.

Chronologie des plaques constructeur des détendeurs MISTRAL.

Chronologie des plaques

LA SPIROTECHNIQUE a utilisé quatre types de plaques constructeur portant trois adresses différentes au fil de son histoire. Entre 1955 et 1977, l’entreprise a déménagé à deux reprises avant de s’installer définitivement à Carros en 1978.

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Entre 1955 et 1960, le détendeur MISTRAL est commercialisé en deux versions :

• Version standard : équipée d’un embout fixe, appelé embout D10.

• Version Pro : dotée d’un embout démontable, appelé embout D10P, permettant l’adaptation au vêtement à volume constant PHOQUE.

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À partir de 1961, une troisième variante voit le jour :

• Version avec tuyaux à spires jointives : munie d’un embout AQUA-STOP, dénommé embout D10E.

Il m’a fallu deux années de recherche pour établir une chronologie aussi précise que possible. Voici le fruit de ce travail.

LE MISTRAL "COGNACQ JAY"
MISTRAL Cognacq Jay

En 1955, le détendeur MISTRAL est lancé depuis les ateliers situés Cours la Reine, à Boulogne-Billancourt, en remplacement du CG45, bien qu’il coexiste avec ce dernier durant cette année.

 

Cette adresse, identique à celle figurant sur les plaques des CG45, est relativement rare, ce qui rend cette première version du MISTRAL particulièrement prisée des collectionneurs. Sa production est estimée à environ 2 500 exemplaires, avec une confirmation jusqu’au numéro 2526 (voir photo ci-dessous).

 

Caractéristiques techniques et évolutions

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Fermeture du boîtier :

• À l’origine, le boîtier se ferme avec des agrafes, le jonc (ou collier) n’apparaissant qu’en 1957.

• De nombreux modèles COGNACQ JAY ont été ultérieurement équipés d’un jonc, les agrafes ayant été abandonnées car moins pratiques pour l’entretien et sujettes à la casse lors du démontage.

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Première génération de MISTRAL :

Siège HP usiné directement dans le corps HP.

Trou de l’ergot dans la gamelle arrière (empêchant la rotation du corps HP) : absent sur les premiers modèles, puis ajouté en position haute par rapport à la tuyère d’inspiration. Sur les versions suivantes, il sera orienté vers le bas.

 

Une série particulière : les modèles marqués “A”

 

Une petite série de MISTRAL porte une lettre A à la fin du numéro de série. Il s’agit probablement d’une version militaire ou professionnelle, reconnaissable à son embout pro (D10P).

• Trois exemplaires ont été identifiés à ce jour.

• Cette série est confirmée entre les numéros 1369A et 1419A, ce qui laisse supposer une production d’environ 100 unités.

LES MISTRAL "TRÉBOIS LEVALLOIS"

Les MISTRAL portant l’adresse 27 Rue Trébois Levallois se répartissent en deux grandes catégories :

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1. Version avec l’adresse se terminant par (Seine)

• Commercialisée de 1956 à 1967.

• Numérotation confirmée entre N°2779 et N°26439.

• Déclinée en quatre évolutions :

1956 pas de modification technique, juste une nouvelle adresse sur la plaque constructeur.

1957 remplacement des agrafes par un jonc + siège HP amovible

1961 remplacement des tuyaux annelés standards par des tuyaux à spires jointives + 1er embout Aquastop. 

1962 nouvelle version d'embout Aquastop (ouvre la voie au ROYAL MISTRAL en 1963).

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2. Version avec l’adresse se terminant par (92)

• Commercialisée de 1968 à 1970.

• Numérotation confirmée entre N°26878 et N°32948.

 

Chaque évolution de ces détendeurs apporte des modifications spécifiques, que vous trouverez détaillées ci-dessous.

LE MISTRAL "56"
MISTRAL 56

En 1956, LA SPIROTECHNIQUE s’installe dans de vastes locaux à Levallois, marquant l’apparition d’une nouvelle adresse sur la plaque constructeur :

 

“27 RUE TRÉBOIS LEVALLOIS (Seine)”

 

C’est ainsi que naît le MISTRAL 56, identique au modèle COGNACQ JAY, à l’exception de l’adresse inscrite sur la plaque.

 

Caractéristiques du MISTRAL 56

• Plaque constructeur avec des caractères fins et uniformes.

• Fermeture du boîtier par des agrafes.

• Siège HP usiné dans le corps du détendeur.

 

Production et rareté

• Le plus petit numéro de série recensé à ce jour : N°2757.

• Le plus grand : N°3789.

• Cette variante est probablement la plus rare des MISTRAL… mais pas forcément la plus recherchée, du moins pour l’instant.

 

Dès cette année-là, le CG45 disparaît de la production standard et ne subsiste plus qu’en version narghilé.

LE MISTRAL "57"
MISTRAL 57

En 1957, le MISTRAL évolue avec plusieurs améliorations notables :

Remplacement des agrafes par un jonc, rendant l’entretien et la manutention du détendeur plus pratiques.

Nouveau corps HP avec un siège HP amovible.

Orientation du trou de l’ergot vers le bas sur la gamelle arrière.

 

Identification et numérotation

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• Cette version se distingue également par une nouvelle plaque constructeur, où l’inscription “LA SPIROTECHNIQUE” apparaît en caractères plus épais que l’adresse commerciale.

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• Le plus petit numéro de série recensé à ce jour est N°4408, probablement produit au tout début de 1957.

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• Le plus grand numéro de série connu pour un MISTRAL 57 est N°26459, datant de 1967.

 

Fin du CG45

 

En 1957, le CG45 disparaît définitivement du catalogue de LA SPIROTECHNIQUE.

 

Les évolutions de 1961 à 1967

 

À partir de 1961, le MISTRAL se décline en trois versions distinctes, tout en conservant le même type de plaque que le MISTRAL 57.

LE MISTRAL "61" ou SUPER MISTRAL
MISTRAL 61

En 1961, LA SPIROTECHNIQUE introduit une nouvelle version du MISTRAL, équipée de tuyaux à spires jointives et d’un embout AQUA-STOP de première génération.

 

Le MISTRAL 61, aussi appelé SUPER MISTRAL

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• Référencé au catalogue sous D10E.

• Son embout est un échec : inconfortable, avec une membrane phonique inefficace.

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• Dès 1962, il évolue en une seconde version avec :

• Un embout décalé de l’axe pour former une mentonnière plus confortable.

• Suppression de la membrane phonique.

• Cette version est connue sous le nom de MISTRAL 62.

 

Un modèle rare

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• En 1962, LA SPIROTECHNIQUE propose un remplacement sous garantie de l’embout de première génération, rendant le MISTRAL 61 avec son embout d’origine très rare.

• Deux exemplaires recensés à ce jour : N°10233 et N°14430.

 

Les 3 modèles de MISTRAL disponibles à partir de 1961

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1. MISTRAL D10 – Modèle avec embout fixe (MISTRAL standard).

2. MISTRAL D10P – Modèle avec embout démontable (MISTRAL Pro), conçu pour s’adapter au vêtement à volume constant PHOQUE.

3. MISTRAL D10E – Modèle avec embout AQUA-STOP (SUPER MISTRAL).

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Ces trois modèles, portant la plaque “27 RUE TRÉBOIS LEVALLOIS (Seine)”, seront commercialisés jusqu’en 1967.

Le plus grand numéro de série connu à ce jour est N°26439.

LE MISTRAL "62"
MISTRAL 62

Le MISTRAL 62 représente la dernière évolution du détendeur avant l’arrivée du ROYAL MISTRAL en 1963. Son principal changement par rapport au MISTRAL 61 réside dans son nouvel embout AQUA-STOP, conçu pour offrir un meilleur confort. Il sera commercialisé jusqu’en 1977.

LE MISTRAL "92"
MISTRAL 92

Le 10 juillet 1964, une loi est promulguée pour réorganiser l’administration territoriale de la région parisienne. Cette réforme, qui entrera en vigueur le 1er janvier 1968, entraîne le remplacement du département de la Seine (existant depuis 1795) par Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne. De même, la Seine-et-Oise est scindée en Essonne, Yvelines et Val-d’Oise, tandis que la Seine-et-Marne reste inchangée.

 

À partir de 1968, cette réforme impacte l’adresse figurant sur la plaque des détendeurs MISTRAL, où la mention (Seine) est remplacée par 92, donnant ainsi : “27 RUE TRÉBOIS LEVALLOIS 92”.

 

Cette version du MISTRAL est rare en bon état, car sa peinture est de qualité médiocre et sa plaque s’oxyde rapidement en milieu marin. Ce modèle est attesté entre les numéros 26863 et 33051 et ne sera commercialisé que pendant trois ans, de 1968 à 1970.

LE MISTRAL "MARIUS AUFAN"
MISTRAL Marius Aufan

Au début de l’année 1970, LA SPIROTECHNIQUE quitte ses locaux vétustes de la rue Trébois à Levallois pour s’installer dans un immeuble neuf de la même commune. Ce déménagement permet de regrouper en un seul site l’ensemble des services administratifs, des bureaux d’études et des ateliers.

 

Officiellement, l’adresse “27 Rue Trébois Levallois” est abandonnée pour les revendeurs à partir du 1er mars 1971 (voir document ci-dessous). Une nouvelle adresse apparaît alors : “114 Rue Marius Aufan 92”, qui sera la dernière avant un tournant majeur pour l’entreprise.

 

En 1977, LA SPIROTECHNIQUE met fin à la production du MISTRAL et abandonne sa branche professionnelle. L’entreprise déménage alors à Carros, près de Nice, un processus qui s’achèvera en octobre 1977.

 

Les détendeurs portant l’adresse “114 Rue Marius Aufan 92” sont attestés entre les numéros 33342 et 39488.

CAS PARTICULIERS DE DÉTENDEURS MISTRAL

La chronologie présentée ci-dessus concerne les détendeurs MISTRAL destinés au grand public, communément appelés MISTRAL civil.

 

Cependant, LA SPIROTECHNIQUE fabriquait également de petites séries sur commande pour des clients spécifiques, tels que l’armée ou l’équipe du commandant COUSTEAU.

 

Voici ce que j’ai pu retrouver à ce sujet.

MISTRAL Cousteau
LE MISTRAL DE L'ÉQUIPE COUSTEAU

Au début des années 80, le commandant COUSTEAU lance une nouvelle odyssée : À la redécouverte du monde.

 

Ses plongeurs adoptent un nouveau look : les combinaisons noires à bandes jaunes laissent place à des modèles argentés avec des bandes noires. Un nouveau scaphandre caréné fait également son apparition, équipé de quatre petites bouteilles en fibres de carbone pouvant supporter une pression de 300 bars.

 

Pour équiper ces scaphandres, COUSTEAU sollicite LA SPIROTECHNIQUE, qui assemble une petite série de détendeurs MISTRAL en DIN 300 bars, en utilisant un stock restant de pièces détachées.

 

Ces détendeurs présentent une particularité : ils portent une plaque gravée 114 RUE MARIUS AUFAN LEVALLOIS (92) sans numéro de série et sont dotés de tuyaux annelés plus longs que ceux utilisés auparavant.

LES MISTRAL MILITAIRES
MISTRAL militaire

D’après les informations que j’ai pu recueillir, l’armée et la marine française ont utilisé plusieurs versions du détendeur MISTRAL, parmi lesquelles :

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• Une version standard, identique à celle du commerce, sans modification particulière, juste un embout GODEL.

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• Une version “militarisée”, équipée d’un embout GODEL, peinte en noir et dépourvue de plaque d’identification.

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• Une version “déminage”, dotée d’une sortie située au-dessus du plongeur via un snorkel maintenu par un flotteur, avec une gamelle insonorisée grâce à un calfeutrage spécifique.

MISTRAL moniteur
LE MISTRAL "MONITEUR NATIONAL"

Cette version du détendeur MISTRAL est extrêmement rare, et nous devons cette photo à Philippe ROUSSEAU. Il s’agit d’une série en édition limitée, réalisée par La Spiro à la demande de la FFESSM, qui souhaitait offrir ce détendeur aux majors de promotion des moniteurs nationaux. Bien que la période durant laquelle ce cadeau était attribué reste inconnue, il est probable que très peu d’exemplaires aient été produits… et qu’ils soient précieusement conservés par leurs propriétaires.

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